Parlons design !
Ici, loin de moi l’idée de faire appel à votre fibre artistique… Dans le langage courant, quand on parle « design », on pense souvent à du joli mobilier, du bel objet, un poil onéreux même si pratique. Oubliez cette signification francisée et revenons-en à la traduction même de cet anglicisme : en anglais, design veut dire « projet ». Et nous voilà revenus bien au cœur du propos puisqu’il sera question, dans ce nouvel article, d’une méthode de gestion de projet : le « Design Thinking » (DT) et de son petit frère « le Design Sprint ». En ce qui me concerne, une méthodologie de projet visant à concevoir un produit, un service ou une organisation « data centré.e » qui répondrait à la règle des 3 U, c’est-à-dire Utile, Utilisable (comprenez facilement, par tous) et Utilisé (et pas remisé au fond du placard).
Un rappel utile (et pourquoi pas utilisable et utilisé)
Au début des années 1960, le terme « Design Thinking » apparaît pour la première fois dans le domaine de la résolution de problème. Vingt ans plus tard, le DT obtient ses lettres de noblesse et devient une méthode centrée sur l’importance de l’expérience utilisateur. Puis, dans les années 1990, l’entreprise IDEO s’empare du Design Thinking et l’adopte comme méthodologie centrale, ce qui lui vaut alors une popularité croissante. Avec l’an 2000, le DT, suffisamment théorisé et expérimenté, devient le sujet d’un enseignement et, notamment à Stanford, une véritable discipline académique. Enfin, de nos jours, le Design Thinking est largement reconnu et utilisé, dans de nombreux secteurs ; cependant, il est aussi critiqué sur son efficacité et sa pertinence dans certaines situations.
Qu’est-ce qu’un projet mené façon DT ? Pour (beaucoup) résumer, le Design Thinking est à la fois une méthode, un process et une vision du travail centrés sur l’Humain, comme utilisateur, et tournés vers l’innovation. Les préceptes qui fondent le DT sont : l’empathie, le droit à l’erreur, la créativité, la co-création et la répétition. Cette convergence de bonnes intentions, dans la mise en œuvre d’un projet, rappelons-le centré sur l’utilisateur, permettrait donc la conception de produits ou de services respectant la fameuse règle précédemment citée des 3 U.
Qu’en est-il du Design Sprint ?
Le Design Sprint (osons dans ce texte « DS ») est un dérivé du Design Thinking, visant à « accélérer », comme son nom l’indique, le processus de créativité et de mise en œuvre d’un projet. Le DS a été conçu par Jake Knapp qui s’est inspiré des méthodes d’IDEO et de la D.School de Stanford. Il avait en effet constaté que les méthodes de brainstorming ne convenaient pas à tous et pouvaient même se révéler contre-productives parfois. Le concept de DS a été mis en pratique lors d’un atelier, d’une semaine, à Stockholm, qui a conduit à la création du premier M.V.P (Minimum Valuable Product = Produit Minimum Viable, une première version de produit qui réponde à un minimum de besoins, mais maximise la valeur d’utilisation) de Google Hangouts. Après avoir mené 150 sprints avec diverses startups, Jake Knapp a théorisé le Design Sprint, et partagé sa méthode, dans un livre paru en 2016. En 2020, le DS déferle sur la France grâce à l’ouvrage de Pauline Thomas (du Laptop), Design Sprint en pratique.
En quoi le Design Sprint est-il différent d’une autre méthodologie de projet et en quoi est-il si pertinent ? Quitte à me répéter (la répétition fait partie du DT !), l’intérêt principal de la méthode réside dans l’attention portée, focalisée même, sur l’expérience et l’Humain. Un autre atout non négligeable est la temporalité que propose le DS : suivant la capacité des équipes, et selon le résultat souhaité, la méthode s’opère entre 1 et 5 jours. L’objectif est bien de « vendre » un plan d’action, efficace et rapidement, à des décideurs. Si tout s’est bien passé, au terme du court processus, l’équipe impliquée ressortira « alignée » sur un objectif qui sera de l’ordre du consensus. La solution apportée par une session de DS répond donc autant aux enjeux stratégiques d’une organisation qu’aux besoins des utilisateurs ciblés.
Et la data dans tout cela ?
Je vous expliquerai, dans les prochaines publications et lors de prochains évènements, comment j’intègre des données pour approfondir la question du combien, là où le DS instruit plutôt le pourquoi, le quoi et le comment. Le DS incite au partage et au mélange d’expériences, la donnée y ajoute fiabilité et confiance.
English version
Ready for a methodological sprint?
Let’s talk design!
Far be it from me to call upon your artistic fibre here… In everyday language, when we speak of « design », we often think of pretty furniture, beautiful objects, a little expensive even if practical. But let’s go back to the translation of this anglicism: in English, design means « project ». And here we are, right back to the heart of the matter, since in this new article we’ll be talking about a project management method: Design Thinking (DT) and its little brother, Design Sprint. As far as I’m concerned, it’s a project methodology aimed at designing a « data-centric » product, service or organization that complies with the 3 U’s rule, i.e. Useful, Usable (easily understood by all) and Used (and not shelved).
A useful reminder (and why not usable and used)
In the early 1960s, the term « Design Thinking » first appeared in the field of problem solving. Twenty years later, DT became a method focused on the importance of the user experience. Then, in the 1990s, IDEO seized on Design Thinking and adopted it as its core methodology, which led to its growing popularity. By the year 2000, DT had been sufficiently theorized and experimented with to become the subject of teaching and, notably at Stanford, a veritable academic discipline. Finally, today, Design Thinking is widely recognized and used in many sectors; however, it is also criticized for its effectiveness and relevance in certain situations.
What is a DT project? In a nutshell, Design Thinking is a method, a process and a vision of work centered on the human being, as user, and focused on innovation. The precepts on which DT is based are: empathy, the right to make mistakes, creativity, co-creation and repetition. This convergence of good intentions, in the implementation of a project that is, let’s not forget, user-centered, would therefore enable the design of products or services that respect the famous 3 U rule mentioned above.What about Design Sprint?
The Design Sprint (DS) is a derivative of Design Thinking, designed to « accelerate » the process of creativity and project implementation. DS was conceived by Jake Knapp, who was inspired by the methods of IDEO and Stanford’s D.School. He had found that brainstorming methods were not suitable for everyone, and could even be counter-productive at times. The DS concept was put into practice during a week-long workshop in Stockholm, which led to the creation of Google Hangouts’ first M.V.P. (Minimum Valuable Product). After conducting 150 sprints with various startups, Jake Knapp theorized the Design Sprint, and shared his method, in a book published in 2016. In 2020, DS is sweeping France thanks to Pauline Thomas’ (du Laptop) book, Design Sprint en pratique.
How is the Design Sprint different from other project methodologies, and why is it so relevant? Even if I’m repeating myself (repetition is part of the DT!), the main advantage of the method lies in the attention paid, indeed focused, on the experience and the human element. Another significant advantage is the timeframe offered by the DS: depending on the capacity of the teams and the desired result, the method can be implemented in 1 to 5 days. The objective is to « sell » an effective action plan quickly to decision-makers. If all goes well, at the end of the short process, the team involved will emerge « aligned » on an objective that will be of the order of consensus. The solution provided by a DS session thus responds as much to an organization’s strategic challenges as to the needs of the targeted users.
And what about data? In future publications and at forthcoming events, I’ll be explaining how I integrate data to go deeper into the question of how much, where DS is more concerned with why, what and how. DS encourages the sharing and mixing of experiences, while data adds reliability and trust.