Il paraît que la data serait le pétrole du XXIe siècle. Info ou intox ? Je suis normand par alliance alors j’ose avancer que oui… et non. Certes, dans notre jargon, on aime à utiliser un vocabulaire commun à l’or noir : source, gisement, minage, exploitation… La donnée, comme lui, est une « richesse » exploitable : plus on utilise une donnée, plus elle gagne en valeur. Comme le pétrole, c’est l’usage que l’on en fait qui lui donne sa valeur, et non la donnée « brute » elle-même qui en est porteuse. Et… comme le précieux liquide, la data peut-être une véritable catastrophe écologique si l’on n’en prend pas garde (Référentiel de l’INR). La comparaison peut s’arrêter là. En effet, si le pétrole est une denrée non renouvelable (une fois utilisé, il n’y en a plus), la donnée, elle, est un produit durable, voire même, exponentiel : après utilisation, non seulement elle existe toujours, mais d’autres données auront été générées. Cette différence majeure m’encourage donc à comparer la data non pas au pétrole, qui n’a en outre plus très bonne presse, mais au savoir, partagé, grâce à l’intervention du professeur.
Du magister au data center
La comparaison est tentante et sacrément enthousiasmante, pourquoi ? Je vous explique et tente l’anaphore…
- Comme le savoir, plus une donnée est partagée plus elle gagne en valeur et devient précieuse.
- Comme le savoir, même utilisée de nombreuses fois, la donnée, sans être dénaturée, reste disponible pour de nouveaux usages, qui peuvent d’ailleurs être différents à chaque fois.
- Comme le savoir, la donnée est la même pour tous.
- Comme le savoir, la donnée doit être structurée, stockée et ordonnée pour devenir accessible facilement.
- Comme le savoir, elle permet de mieux comprendre le monde qui nous entoure, dans la mesure où il y a un accompagnement sémantique adéquat.
- Comme le savoir, la data n’a pas de qualité intrinsèque. Quand qualité il y a, elle se mesure dans le rapport de confiance établi entre le consommateur de la donnée et son producteur.
- Comme le savoir, parfois, il ne faut pas mettre certaines données entre toutes les mains.
- Comme le savoir, diffusé aujourd’hui sous forme de Mooc ou d’université populaire, la publication et la réutilisation de données en « open data » est un exemple vertueux de partage.
Si le savoir et la donnée se ressemblent…
fort à parier que ce/celui qui les « concentre » aient quelques points communs. Du prof à la data base, il n’y a qu’un pas, qu’une voix : les deux trouvent leur « intérêt » dans le partage et la transmission de leurs données, que tous deux rendent accessibles au plus grand nombre, grâce à un travail d’organisation, de structuration et d’adaptation. L’enseignant, comme la base de données, savent se mettre à jour en fonction des besoins de leurs élèves-utilisateurs.
Objectivisation de l’un, personnification de l’autre… je vois d’ici les boucliers se lever. Stoppons donc là la métaphore filée, car l’idée, vous l’avez. Dans une démarche pédagogique visant à définir la data, je serais donc plus enclin à la comparer au savoir, plus qu’au bidon de pétrole. Dans mon métier de consultant, et de professeur d’ailleurs, je préfèrerai toujours apprendre à faire, en l’occurrence apprendre à bien gérer ses données, que de faire à la place de.