Le langage est notre capacité à nous exprimer, à communiquer et dans le meilleur des cas à nous comprendre.
Nous sommes baignés dans le langage : quand nous parlons, écrivons, écoutons, lisons…
Dans la vie …
Il existe des langages communs : celui de l’Homme en général par rapport au langage animal, celui d’un peuple avec sa langue maternelle et sa culture unique. Mais quand on parle de langage et de langage commun, l’effet d’entonnoir est saisissant : car au sein de l’Humanité ou d’un même pays, une communauté sociale aura son propre langage (comprenez-vous toujours vos ados ?) ; une communauté ethnique aura aussi le sien (le patois vendéen, ça vous parle ?) ; une communauté professionnelle aura également développé un jargon (ah les profs, les médecins, les informaticiens !).
Comme en entreprise
Et si l’on ressert encore l’entonnoir, au sein même de votre entreprise ? Peut-être pensez-vous posséder ce langage commun puisque, a priori, les collaborateurs viennent du même terreau professionnel, ont reçu des formations similaires ou travaillent « dans le milieu » depuis plusieurs années…
Sans doute mais ce n’est pas si simple… car ces collaborateurs arrivent d’horizons différents, peut-être d’une autre société ; ils ont des bagages culturels divers et des personnalités variées…
Il serait probablement bienvenu alors de s’interroger sur « votre » langage commun, celui utilisé dans votre entreprise, celui pratiqué durant un projet : avez-vous réussi à créer votre propre dictionnaire, visant à une meilleure compréhension de vos projets, de vos process, de votre clientèle ?
Quiproquo au boulot…
J’ai souvent constaté que les équipes de mes commanditaires sont en désaccord sur ce que l’on appelle un client : pour certains, c’est celui qui passe la commande, pour d’autres, c’est celui qui paie ou encore ce serait celui qui est livré.
Aïe… c’est bien connu, les quiproquos (dont on peut rire ensuite), voire les conflits (moins drôles) naissent d’une mauvaise compréhension entre les protagonistes… d’un langage discordant donc.
Pourquoi en arrive-t-on à de telles situations de confusions et de malentendus ?
- Par ce que chacun travaille à optimiser sa propre tâche, ne s’intéresse le plus souvent qu’aux informations et outils qui lui sont utiles, ne garde que les éléments de langage liés à son quotidien.
- Parce que lorsque l’on réalise une croissance externe, les cultures et les langages des différentes sociétés du groupe ainsi formé ne sont pas cohérents et n’ont pas été homogénéisés.
- Parce qu’un cercle vicieux s’est créé : un manque de communication « premier » a entraîné des peurs qui ont elles-mêmes engendré une prise de distance entre les équipes.
Ainsi, si vos collaborateurs n’ont pas la même définition d’un client, d’un produit ou d’une commande, vous pourrez mettre toute l’énergie possible en action, interpeller les meilleurs experts et utiliser les technologies les plus performantes : votre produit data, et par extension tout produit digital, ne servira à rien car il ne pourra pas répondre à un besoin identique et efficace pour tous. Il ne répondra pas un besoin collectivement défini.
Le dico de ma data
Il n’y a pas de secret… quand on ne parle pas le même langage, il faut s’aider d’un traducteur, d’un lexique, d’un dictionnaire car quand même, le langage des mains à ses limites. Travaillez donc à l’élaboration du glossaire/dictionnaire de vos données !
Quelles entrées y glisser ? Quelles métadonnées réunir ?
- Les définitions des termes généraux liés au projet, bien rédigées, dans un français lisible et compréhensible par tous… C’est la base évidente d’une vision commune des choses.
- Le sens de tous ces fichus acronymes et abréviations qui altèrent souvent la compréhension des messages. On glisse quelques synonymes du langage courant qui serviront aux moins techniciens.
- On y liste les interlocuteurs principaux : décisionnaire, propriétaire, facilitateur…
- On classe selon des thèmes, sous forme de tags, qui peuvent être liés à l’organisation de la société, ses objectifs, les règlementations… Par exemple : la facturation/la vente/la logistique ou bien le RGPD/les règles bancaires ou bien encore le plan stratégique/le plan local etc etc.
- On y explique le cycle de vie macro de la donnée : qui crée la donnée, qui l’utilise, qui la détruit ? Ce qui peut être une application, une organisation, un processus…
- On y précise l’usage analytique qui est fait des données ; on donne des exemples de l’utilisation et de réutilisation de ces données.
- On informe sur les incidents qualité en cours, résolus ou persistants.
- On complète l’ensemble avec des liens informatifs et complémentaires vers des documents externes, comme des modèles conceptuels ou physiques.
- On y intègre déjà des éléments de « code » comme des requêtes SQL ou des scripts terraform : pour le développeur, c’est autant de temps de gagné ; il n’aura qu’à copier-coller ce dont il a besoin !
Collaboratif et itératif
Quelques conseils pour élaborer ce dictionnaire de projet. Il sera, dans la mesure du possible, construit collectivement. En aucun cas, on le souhaite exhaustif « tout de suite » : il est enrichi petit à petit, projet après projet.
Évidemment, si cet outil doit devenir une bible, il est indispensable de communiquer sur son existence. Pour ce faire, rien de tel qu’une anecdote : le récit d’une incompréhension, voire d’une erreur, commise avant la création du glossaire, en montrera tous les intérêts !
Enfin, nul besoin d’être le clone d’Alain Rey pour se lancer dans sa rédaction : techniquement de bons outils, simples, existent comme un wiki basique (Teams-wiki, Confluence…) ou de très bons, comme Dawizz (et rassurez-vous ce n’est pas en breton !).
Une fois mis en place et intégré dans les bonnes pratiques, le glossaire ne se suffira pas à lui-même. Il faudra l’animer pour créer l’adhésion autour et promouvoir son utilisation. Et bien entendu, il sera nécessaire de continuer à le renseigner, le corriger et l’amender pour poursuivre une communication efficiente et optimale. Rappelons que Robert et Larousse sont régulièrement mis à jour et que c’est toujours le sujet de beaucoup d’échanges !