Pour ou contre l’IA ?
Pour ou contre la décroissance ?
Pour ou contre la technologie comme solution à tous nos problèmes ?
Pour ou contre la paix dans monde… pourquoi pas…
Voici peu ou prou les questions que l’on m’a posées tout l’été. Désormais, c’est bien connu, il faut appartenir à un camp et le faire savoir est encore mieux. Pourtant, qui suis-je pour avoir un avis, soi-disant éclairé, sur tous les maux du monde ? Au mieux, je peux soumettre à la réflexion quelques-unes de mes pensées intellectuelles, notamment celles qui concernent mes sujets de compétence. La technologie, certes, en est un, les données aussi. Je peux, oui, et tant qu’à le faire, proposons-les avec un brin de modération. Faisons donc ici l’éloge de la nuance, appliquée à la gestion des données.
Du « Jugaad » indien au « système D » à la française
Pour amorcer une réponse à l’une des questions ci-dessus, disons que, selon moi, la technologie apparaît comme l’une des clés aux grandes problématiques sociétales… mais que ce n’est pas la seule réponse. Dans les modèles inspirants qui relèvent de cette philosophie à la normande, il y a le « Jugaad » indien, que l’on pourrait assimiler à l’« innovation frugale ». Ce principe trouverait ses racines dans les pratiques des anciens, qui, connaissant la rareté et les limites de leurs ressources, trouvaient des solutions créatives, moins coûteuses à tous les points de vue. Bon sens et pragmatisme gouvernent le Jugaad, un principe profondément enraciné dans la culture indienne et dont on sait qu’il dirige le quotidien des populations rurales et urbaines, capables ainsi de surmonter les nombreuses contraintes économiques et matérielles. Durant la Seconde Guerre mondiale, pénuries de matériaux et de ressources ont obligé le monde de l’ingénierie à se convertir à l’innovation frugale : c’est ainsi que les Britanniques ont mis au point le radar et que les Américains ont utilisé des matériaux alternatifs pour produire des avions et des véhicules militaires. Les Ukrainiens aujourd’hui ne font rien de différent avec leurs drones… Dans les années 2000, le mouvement des Makers a montré l’importance du fameux « DIY », ce Do It Yourself américain ; cette culture prône à la fois l’innovation et l’invention ainsi que l’apprentissage de compétences pratiques, mises en œuvre de manière créative. Les adeptes utilisent souvent des matériaux recyclés ou bon marché pour créer des solutions ingénieuses. En 2008, la crise économique mondiale a permis la résurgence du concept et de ses pratiques : de nombreuses start-up ont adopté des approches frugales pour développer des solutions rentable et efficaces. En France, le « système D » pourrait s’apparenter à l’innovation frugale, même si l’idiome est usité assez souvent de manière péjorative.
Alors, peut-on faire rimer donnée et frugalité ?
Du point de vue des objectifs, il s’agit déjà de rappeler que l’utilisation de données n’est pas une fin en soi. Les données sont plutôt un moyen très utile pour s’adapter à des ressources limitées et à un environnement perpétuellement mouvant. Le plus souvent, pas besoin d’aller chercher les données bien loin ; certaines sont même abondantes, accessibles et peu coûteuses :
Celles sourcées en open data et qui concernent les grands domaines socio-économiques, la santé, l’emploi, l’éducation, les transports, la démographie, les études environnementales, la planification urbaine, etc. On les trouve, pêle-mêle et par exemple sur : https://catalogue-donnees.insee.fr/, https://geoservices.ign.fr/, https://www.openstreetmap.fr/, https://data.sncf.com/pages/accueil/, https://data.enedis.fr/explore/
Celles provenant de vos partenaires : leurs catalogues, l’état de leur stock, les règlementations… Tout ceci est parfois disponible en pdf et ces données se révèlent parfois très utiles.
Celles issues de vos centaines de fichiers Excel, qui eux-mêmes traînent dans vos centaines de dossiers informatiques, conservés dans vos centaines d’ordinateurs : suivi des ventes, fichier client, enquête de satisfaction, état des stocks, récapitulatif des commandes, suivi de la maintenance, tableau des horaires de travail, etc.
Que faire donc de tout ce que vous possédez déjà ?
Si l’on garde l’objectif de s’adapter sans cesse au contexte mouvant et mouvementé, il faut se constituer un tableau de bord, qui permettra de détecter les changements macro ou micro économiques. Quelques suggestions de données à inclure dans ce tableau de bord :
Des indicateurs macro-économiques : le PIB (pour le suivi de la croissance), l’inflation (taux mensuel et annuel), le taux de chômage (quel est la santé du marché du travail ?), le taux d’intérêt (les taux directeurs des banques centrales), la balance commerciale (pour évaluer la compétitivité internationale), l’indice des prix à la consommation (pour mesurer le coût de la vie)
Des indicateurs micro-économiques : le chiffre d’affaires (suivi des ventes par produit ou service), les marges bénéficiaires (analyse des marges brutes et nettes), les niveaux de stock (pour évaluer l’efficacité de la gestion des stock), les coûts des matières premières (assurer le suivi des variations de prix des matières), le taux de conversion (pour les entreprises de commerce électronique), le taux de fidélisation client (pour mesurer la satisfaction et la rétention des clients)
Des indicateurs sectoriels : l’indice de production industrielle (pour les secteurs manufacturiers), le prix des matières premières vectorielles (par exemple, le prix du pétrole pour les industries énergétiques), les données de ventes sectorielles (pour comparaison avec les benchmarks du secteur)
Des indicateurs financiers : le cours des actions (suivi des performances boursières des entreprises clés), le taux de change (pour les entreprises opérant à l’international), les ratios financiers (ratios de liquidité, de solvabilité, etc.)
Des données de marché : les tendances de consommation (analyser les changements dans les habitudes de consommation), l’analyse concurrentielle (part de marché et positionnement des concurrents), les avis et retours clients (pour détecter des changements dans la perception des produits ou des services)
Des données internes : la performance des équipes (le suivi des indicateurs de performance clés (KPI) internes, les projets en cours (avancement et budget des projets stratégiques), la satisfaction des employés (enquêtes régulières pour mesurer le climat interne)
Quel outil vous permettra de modéliser toutes ces données me demanderez-vous ? L’outil le plus simple à utiliser, et gratuit, reste Power BI, mais qui n’est malheureusement pas en open source.
Si vous souhaitez concevoir ce genre de tableau de bord pour aborder et utiliser vos données avec frugalité, n’hésitez pas, contactez-moi !
English : Data, an innovation to be consumed with moderation
For or against AI?
For or against degrowth?
For or against technology as the solution to all our problems?
For or against world peace… why not…?
These are just some of the questions I’ve been asked all summer. From now on, it’s well known that you have to belong to a camp, and letting people know about it is even better. And yet, who am I to have a supposedly enlightened opinion on all the ills of the world? At best, I can offer a few of my intellectual thoughts, particularly those that concern my areas of expertise. Technology is certainly one of them, as is data. Yes, I can, and while I’m at it, let’s do it in moderation. Let’s praise nuance here, applied to data management.
From Indian “Jugaad” to French “système D
To begin answering one of the above questions, let’s say that, in my opinion, technology is one of the keys to solving major societal problems… but it’s not the only answer. Among the inspiring models that come under this Norman-style philosophy is the Indian “Jugaad”, which could be likened to “frugal innovation”. This principle has its roots in the practices of the ancients, who, knowing the scarcity and limits of their resources, found creative solutions that were less costly from every point of view. Common sense and pragmatism govern Jugaad, a principle deeply rooted in Indian culture and known to govern the daily lives of rural and urban populations alike, enabling them to overcome numerous economic and material constraints. During the Second World War, shortages of materials and resources forced the world of engineering to convert to frugal innovation: this is how the British developed radar and the Americans used alternative materials to produce aircraft and military vehicles.
Today’s Ukrainians do nothing different with their drones… In the 2000s, the Makers movement demonstrated the importance of the famous “DIY”, or American Do It Yourself, culture, which advocates innovation and invention, as well as learning practical skills and putting them to creative use. Fans often use recycled or inexpensive materials to create ingenious solutions. In 2008, the global economic crisis led to a resurgence of the concept and its practices, with many start-ups adopting frugal approaches to develop cost-effective, efficient solutions. In France, “système D” could be likened to frugal innovation, even if the idiom is often used pejoratively.
So, can data and frugality go hand in hand?
From the point of view of objectives, it’s important to remember that the use of data is not an end in itself. Rather, data is a very useful means of adapting to limited resources and a constantly changing environment. Most of the time, you don’t have to go far to find data; some is even abundant, accessible and inexpensive:
– Those sourced in open data and relating to major socio-economic fields, health, employment, education, transport, demographics, environmental studies, urban planning and so on. They can be found, in no particular order, on the following websites: https://catalogue-donnees.insee.fr/, https://geoservices.ign.fr/, https://www.openstreetmap.fr/, https://data.sncf.com/pages/accueil/, https://data.enedis.fr/explore/
– Data from your partners: their catalogs, stock levels, regulations, etc. This information is sometimes available in pdf format, and can be very useful.
– Data from your hundreds of Excel files, which are themselves stored in your hundreds of computer folders: sales tracking, customer files, satisfaction surveys, stock levels, order summaries, maintenance tracking, work schedules, etc.
What can you do with everything you already have?
If you want to keep up with the ever-changing environment, you need to build up a dashboard, which will enable you to detect macro or micro economic changes. Here are a few suggestions for data to include in your dashboard:
– Macro-economic indicators: GDP (to monitor growth), inflation (monthly and annual rates), unemployment rate (how healthy is the job market?), interest rate (central bank key rates), trade balance (to assess international competitiveness), consumer price index (to measure the cost of living).
– Micro-economic indicators: sales (to track sales by product or service), profit margins (to analyze gross and net margins), inventory levels (to assess the effectiveness of inventory management), raw material costs (to track variations in material prices), conversion rate (for e-commerce companies), customer loyalty rate (to measure customer satisfaction and retention).
– Sector indicators: industrial production index (for manufacturing sectors), vector raw material prices (e.g. oil prices for energy industries), sector sales data (for comparison with sector benchmarks)
– Financial indicators: share prices (to monitor the stock market performance of key companies), exchange rates (for companies operating internationally), financial ratios (liquidity ratios, solvency ratios, etc.).
– Market data: consumer trends (to analyze changes in consumer habits), competitive analysis (market share and positioning of competitors), customer opinions and feedback (to detect changes in the perception of products or services)
– Internal data: team performance (monitoring internal key performance indicators (KPIs), current projects (progress and budget of strategic projects), employee satisfaction (regular surveys to measure internal climate).
Which tool will enable you to model all this data, you may ask? The easiest tool to use, and free of charge, is Power BI, but unfortunately it’s not open source.
If you’d like to design this kind of dashboard to approach and use your data frugally, don’t hesitate to contact me!